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BEMERKENSWERTE FILME AUS DEM JAHRE 1942 Les visiteurs du soir |
Anno 1485. Baron Hughes gibt ein Fest zur Verlobung seiner Tochter Anne mit dem Ritter Renaud. Gilles und Dominique, Diener des Teufels, kommen als Sänger zur Feier. Dominique umgarnt den Baron und Renaud. Gilles versucht Anne zu verführen. Er verliebt sich aber in sie und vergisst den Auftrag des Teufels. Der Teufel versucht vergeblich Anne und Gilles zu trennen. Er verwandelt sie schließlich in Stein, muss aber wütend feststellen, dass Annes und Gilles’ Herzen weiterschlagen als Beweis ihrer starken Liebe. Dieser während der Okkupation gedrehte allegorische Film war von Prévert ursprünglich als zeitgenössische Paraphrase auf Hitler und die Grenzen seiner Macht geplant. Die Zensur verlangte jedoch eine zeitliche Verlagerung zurück ins Mittelalter, aus dem die Legende stammt. Aber so sind die Andeutungen und Parallelen kaum mehr auszumachen. Dennoch: Der Film zeigt in überzeugender Weise eine Fantasiewelt, eine emotionsgeladenen Geschichte. Dazu kontrastiert wirkungsvoll die formalisierte Schönheit und Kühle der Inszenierung und der meisten Darsteller, mit Ausnahme von Jules Berry als Teufel und Arletty als Verführerin. |
Darsteller und Rollen |
Besprechung und Pressestimmen (französisch) |
Company: Metro-Goldwyn-Mayer Regisseur: Marcel Carné Regieassistenz: Michelangelo Antonioni Pierre Sabas Bruno Tireux Produzent: André Paulvé Drehbuch: Jacques Prévert Pierre Laroche Musik: Maurice Thiriet Joseph Kosma Kamera: Roger Hubert Bauten und Kostüme: Georges Wakhevitch Alexandre Trauner Herkunftsland: Frankreich Genre: Fantasiefilm Schwarzweißfilm Laufzeit: 120 Minuten Erstaufführung: 5. Dezember 1942 im Madeleine-Cinéma in Paris Auszeichnung: Grand Prix du cinéma français 1942 |
Si l’amour est l’élément fantastique dominant des «visiteurs», il est juste de dire que le cinéma, en tant qu’instrument du fantastique s’y taille une part appréciable. Pour Carné, qui ne cache pas son peu de goût des truquages, le cinéma est en soi un instrument fantastique, un instrument du fantastique. La substitution du portrait d’Arletty à celui de dame Berthe, la défunte épouse du baron Hughes (laquelle n’est d’ailleurs pas réussie), et la transformation d’un vase de fleurs en nœud de vipères exceptées il n’y a guère dans les «visiteurs», de truquages destines à produire un effet surnaturel. Si le diable est présent en deux endroits à la fois, dans la chambre d’Anne et dans le jardin, c’est par la simple magie du champ contre-champ. Si le présent polluant vient troubler l’harmonie du souvenir revécu dans le rêve partagé, c’est par la grâce d’un banal écran de cinéma, presque un écran de télévision, celui que devient le bassin dont le diable se sert pour montrer les images du tournoi aux aniants. Si la danse du bal des fiançailles se fige, ce n’est ni par effet de ralenti ni par arrêt sur l’image, c’est qu’on a demandé aux comédiens d’opérer eux-mênes le ralentissement de leur mouvement jusqu’à se tenir parfaitement immobiles. Ailleurs, Marie Déa lorsqu’elle voit Gilles pour la première fois, montre qu’elle est atteinte d’une irrépressible fascination amoureuse en se levant presque imperceptiblement de son siège, à la table du banquet et ce mouvement d’une extrême lenteur a tout d’un mouvement qui n’est déjà plus de ce monde, sans qu’on ait eu recours à aucun artifice technique. Lorsque les envoyés du diable entraînent Anne et Renaud dans le jardin, ils se trouvent au c?ur d’une atmosphère extraordinairement mystérieuse dont nous ressentons immédiatement l’apaisement insolite avant de nous rendre compte qu’elle n’est obtenue que par l’absence d’accompagnement musical jointe à l’immobilité des rares figurants disposés au hasard des massifs et à la superbe clarté lunaire de l’éclairage du studio. Utilisation voluptueuse des silences, paroles mesurées ou chuchotées, obscure clarté, ce fantastique à la française nous ramène à Debussy et à «Pelléas» („je vois une rose dans les ténèbres. – Ce n’est pas une rose . . .”) et le merveilleux s’installe en ce jardin avec la plus extrême urbanité, mais en maître qu’on ne chassera pas. Les qualités proprement cinématographiques des «visiteurs» cèdent parfois le pas, il est vrai, devant les infortunes du scénario de Prévert qui connaît ses temps faibles, ses temps d’explications inutiles qui nous font penser que le dialoguiste se croit sur une scène du boulevard, et ses abandons à une préciosité littéraire qu’il eût mieux valu tenir en respect. Mais l’histoire du cinéma français n’a certes pas à rougir d’avoir fait tant de cas d’une œuvre qui a quelque peu été éclipsée, au fil des ans, par le colossal prestige de celle qui allait la suivre. Elle est encore aujourd’hui aussi jeune que son Moyen Âge aux châteaux ensoleillés. |
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LE PETIT PARISIEN 12/12/1942 François Vinneuil Voici aujourd’hui le dernier film tourné par Marcel Camé depuis l’armistice, Les Visiteurs du soir. Il comble mus nos vœux. En compagnie de son fidèle scénariste, Jacques Prévert, Marcel Carné s’est si bien échappé de ses drames bourbeux que nous le retrouvons au beau milieu du pays des légendes, dans cm temps du Moyen Âge où le merveilleux était si familier aux hommes. On ne peut assez louer la délicatesse et la sûreté avec lesquelles Carné a su marier le symbole, l’allusion, le goût prodigieux qu’il y a dans la composition de ses moindres images, ces jeux d’éclairage si raffinés qui forment, d’un bout à l’autre du film, l’accompagnement le plus expressif au poème d’un grand amour ? LE JOURNAL 1943 Émile Henriot ... c’est là que je voulais d’abord en venir pour applaudir à leur exploit, qui est de ramener le cinéma à la poésie, c’est-à-dire à l’invention, à l’imagination, aux grandes libertés de l’esprit ... JEUX ET POÉSIE fin 1943 André Bazin «Les Visiteurs du soir ont surgi dans la morne production 1941–1942 comme un événement révolutionnaire. On a tout de suite compris qu’il marquerait une date, le début d’une influence, l’origine d’un style. Le photographe a su crier ici des images parfaitement en accord avec le drame, sèches, blanches et noires, dépouillées et lumineuses comme le paysage méridional qui en constitue le fond. Ce poème en langue d’Oc n’a pas besoin de l’équivoque de l’ombre pour élaborer ses maléfices. Le mystère est tout entier dans l’âme des êtres et de choses qui offrent sans détour leur apparence brûlée de soleil. L’ŒUVRE 9/12/1942 Jean Laffray Le Film de Marcel Carné marque une date dans l’histoire du cinéma français. AUJOURD’HUI 12/12/1942 Hélène Garcin Marcel Carné vient, avec Les Visiteurs du soir, de réhabiliter à la fois le cinématographe et le cinéma français. L’atmosphère extra-terrestre dans laquelle baigne ce poème cinématographique s’impose dès les premières séquences. . . . Arletty est, dans cet ensemble étonnant, d’une indicible beauté. Marcel Carné seul sait utiliser cette comédienne dans un registre qui correspond à ses dons les moins galvaudés et les meilleurs. La voilà – et nous avec elle! – vengée de L’Amant de Bornéo et autre Boléro. LE CRI DU PEUPLE 16/12/1942 Georges Champaux Il faut louer MM. Jacques Prévert et Pierre Laroche d’avoir conçu cette belle légende, si délicate et si riche de symboles. Peut-être faut-il louer davantage encore M. Marcel Carné de l’intelligence avec laquelle il l’a traduite. Rompant résolument avec la fantasmagorie traditionnelle, il a créé le climat fantastique par la seule venu de la poésie. |
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